C’est au centre de l’aire de production des Côtes de Provence, au sein d’un site classé, qu’est implanté le Château de Brégançon. Il fut érigé au début du 18eme siècle, sur un ancien Marquisat, dont le fort aujourd’hui résidence présidentielle était le fief.
C’est en 1816 que Simon SABRAN, aïeul de la famille TEZENAS actuellement propriétaire du Château, achète le domaine. Il comptait à l’époque 1030 hectares dont 75 hectares de vignes, 2000 oliviers, 2000 mûriers, 600 figuiers et arbres fruitiers. L’habitation est modeste, un style de maison forte accolée à une cour de ferme. Une partie de la production alimentait alors le Fort de Brégançon et ses soldats. Quelques années après la mort de Simon en 1835, sa femme et ses 8 enfants décident de revendre la propriété.
En 1837, le domaine est acheté par Adolphe Auguste CHAPPON, riche armateur Marseillais qui épouse Georgine BARRONET. Sensible à l’architecture du nord de l’Italie, elle décide de détruire la maison sur ses fondations et de reconstruire un château doté de trois tours, d’une chapelle et orne les murs du rez-de-chaussée de fresques et de mosaïques au sol.
Le hasard a voulu qu’Hermann SABRAN, petit fils de Simon et avocat à la cour de Lyon, s’occupe des intérêts de Monsieur CHAPPON à Marseille. Il fît de nombreux voyages dans cette ville et eut l’occasion de faire la connaissance d’Hélène CHAPPON, fille de l’armateur. Il l’épousa en 1869, à Bormes-les-Mimosas. Hermann et Hélène héritèrent de Brégançon en 1880. C’est ainsi que le domaine revint de nouveau dans la famille SABRAN.
En 1874, Hermann et Hélène ont une fille, Renée, qui décède à l’âge de 8 ans d’une tuberculose osseuse. Cette même année Hermann prend la présidence du conseil d’administration des Hospices civiles de Lyon. En souvenir de sa fille, il souhaite construire un centre hospitalier pour recueillir les enfants malheureux, hospitalisés à l’hôpital de la Charité de Lyon.
Pourquoi Brégançon ne serait-il pas le lieu de ce beau projet ?
Privé d’une alimentation en eau douce, il fait construire un barrage qui est également utile aux agriculteurs locaux. Cet ouvrage existe toujours à l'heure actuelle. Cependant, les voies d’accès restent difficiles pour acheminer les enfants malades venant de Lyon, et on le dissuade de continuer ce projet à Brégançon. Persévérant, il achète, non loin de là sur la presqu’île de Giens, une propriété sur laquelle l’hôpital voit le jour. Il porte depuis sa création le nom de Renée SABRAN en souvenir de sa fille.
Pour des raisons pratique Hermann achètera en 1889 à Messine un Yacht Anglais de 18 mètres, nommé « l’Iris» ou encore « le tramway de Giens » pour faire allusion aux nombreux trajets effectués entre Brégançon et Giens. L'hôpital est aujourd’hui très renommé pour la qualité de ses soins dans le domaine de la rééducation post-traumatique, la mucoviscidose et la chirurgie osseuse et dépend toujours des Hospices civiles de Lyon.
Privé de descendance, Hermann SABRAN meurt en 1914. Il lègue sa propriété à son neveu, Francis SABRAN, qui épouse Marguerite GERARD, dont les parents sont les propriétaires du Château Léoube. Francis cédera à son tour, Brégançon à sa fille unique Marguerite SABRAN qui épousera Georges TEZENAS.
De juin 1940 à décembre 1942, le château est occupé par les Italiens, puis par les Allemands de 1942 à août 1945. Le château est transformé en place forte où tranchées, boomkers et canons jalonnent la terrasse. Il est entièrement repeint dans des couleurs de camouflage. Sous l’occupation Allemande, la famille TEZENAS se réfugie au Château Léoube. Au moment de la débâcle, les Allemands quittent Brégançon, laissant derrière eux quelques ruines. En effet, la chapelle qui abritait les munitions est entièrement détruite endommageant gravement le château. Georges TEZENAS entrepris les travaux de rénovation et la reconstruction de la chapelle. Ce n’est qu’au milieu des années 1950, que la polyculture est délaissée pour se consacrer principalement à la vigne.
Depuis, deux générations se succèdent avec la ferme volonté de faire évoluer la qualité des récoltes et du vin. En effet, Georges TEZENAS acquiert en 1955 la classification « Cru Classé » pour ses efforts de recherche et de qualité.
Aujourd’hui, Olivier TEZENAS, huitième génération depuis Simon SABRAN, met sa passion de la vigne, son amour du terroir et son savoir-faire, pour créer chaque année des vins authentiques alliant élégance et raffinement. Il poursuit le développement sur ce site d’exception par la construction d’une nouvelle cave en 2012.
L’histoire des Crus Classés des Côtes de Provence débute en 1895 lorsque certains "Propriétaires vignerons du Var", ont pris conscience de l’importance de se fédérer pour défendre et promouvoir leurs vins et leurs propriétés. En 1947, sous l’impulsion des ces hommes et de ces femmes déterminés, une commission d’expert a sélectionné 23 domaines sous la tutelle de l’INAO, en s’appuyant sur une étude rigoureuse de leur terroir, de leur savoir-faire et de leur notoriété. C’est ainsi qu’à l’instar des plus prestigieuses régions viticoles de Bordeaux, ces domaines et Châteaux de Provence ont obtenu le titre exceptionnel de « Cru Classé ». (Arrêté ministériel du 20 juillet 1955) En 1990, le club des Crus Classés est créé dans l’objectif de faire progresser la qualité des vins et de pérenniser tradition et savoir-faire. Aujourd’hui, l’histoire continue et 18 domaines et Châteaux se sont unis officiellement avec pour ambition d’affirmer et véhiculer leur identité « Cru classé » acquise par leurs pairs, et comme volonté commune de faire connaître cette hiérarchie, signe d’excellence. |